Comprendre les enjeux scientifiques et sociétaux du numérique
La création d’Interstices, il y a aujourd’hui presque vingt ans, est due à la volonté d’une quinzaine de chercheurs, enseignants et ingénieurs travaillant au sein des équipes Inria, qui se sont réunis pour réfléchir à l’élaboration de documents didactiques en informatique et mathématiques appliquées, dans le but de les publier sur le Web. Quelques années plus tard, cette idée a mûri au sein de la Direction de l’information scientifique et de la communication d’Inria (ancienne DCOM) et s’est concrétisée sous la forme d’une revue du nom d’Interstices.
Dès ses débuts, alors que le paysage médiatique était alors assez pauvre sur ces thématiques, Interstices s’est positionnée comme une revue de référence sur les sujets liés aux sciences du numérique en donnant la parole à ceux qui les font. Le but du site est de faire découvrir et comprendre aux curieux de science ce qui se cache derrière les technologies que nous utilisons, avec une certaine exigence de qualité et de rigueur.
Près de vingt ans plus tard, au gré de plusieurs évolutions de son site, Interstices a su s’adapter dans un paysage médiatique mouvant, telle une vitrine à disposition des scientifiques désireux d’apporter leur éclairage sur des questions complexes. Aujourd’hui, des chercheurs et chercheuses issus d'organismes comme Inria, le CNRS ou les universités y rédigent ainsi des contenus vulgarisés, donnant à voir un large panorama de la recherche en informatique et mathématiques appliquées. Leur objectif ? Donner aux citoyens les clés pour comprendre les enjeux scientifiques et sociétaux du numérique, omniprésent dans notre quotidien.
Avec en moyenne 35 à 40 000 visites mensuelles, la revue a rencontré son public, et c’est une belle aventure associant des scientifiques et des spécialistes de la médiation scientifique qui perdure.
- 396 400 visiteurs/visiteuses
- 520 300 visites
- 850 700 pages vues
NB : Le terme « visiteur » désigne un utilisateur qui visite un site web, tandis qu’une visite est définie comme une consultation d’un site web, et les pages vues représentent le nombre de pages visitées sur un site à chaque visite. Un seul utilisateur peut donc visiter plusieurs fois un site sur un jour, une semaine ou un mois donné, et visiter plusieurs pages différentes à chaque visite.
Un comité exécutif hétérogène et complémentaire
Mais qui se cache derrière Interstices ? Au quotidien, c’est un comité exécutif de cinq personnes qui gère la revue, prépare et met en œuvre les décisions.
- Joanna Jongwane (Inria - Direction de la communication), rédactrice en chef d’Interstices
Après un master de journalisme/communication scientifique, Joanna a intégré la direction de la communication d’Inria en tant que conceptrice-rédactrice web pour Interstices. Désormais rédactrice en chef d’Interstices depuis sept ans, elle en assure la coordination éditoriale, avec l’aide d’un comité exécutif composé de responsables scientifiques et de professionnels de la médiation scientifique, et d’un comité scientifique réunissant une quinzaine de spécialistes de divers domaines de l’informatique et des mathématiques appliquées. |
Travailler avec les scientifiques et les aider à transmettre leur passion de la recherche, en les accompagnant au mieux dans leur démarche de vulgarisation, est un défi dont je ne me lasse pas.
- Valérie François (Inria - Direction de la culture et de l’information scientifiques), documentaliste
Documentaliste chez Inria depuis plus de 30 ans, Valérie a eu l'opportunité d'opérer un petit virage vers la médiation scientifique en 2014 au sein du pôle IES pour la médiation scientifique. C'est dans ce cadre qu’elle a rejoint le comité exécutif d'Interstices en 2021. Au sein de ce comité, Valérie est plus particulièrement chargée de la veille éditoriale. Elle revient alors à ses premières amours : les livres ! Elle "traque" les ouvrages, BD, essais… traitant des sciences du numérique et qui pourraient faire l'objet d'une recension dans la rubrique Lire & Voir d'Interstices. Pour ce faire, elle est en lien avec les services presse des éditeurs. Valérie est également en charge de la valorisation des productions Interstices : dépôt systématique dans HAL des articles et podcasts publiés sur le site, transfert vers la fondation UNIT (Université Numérique Ingénierie et Technologie) des métadonnées des notices Interstices, et enfin à la faveur de la "modernisation" toute récente de la plate-forme Canal U (la plate-forme audiovisuelle de l'enseignement supérieur et de la recherche au service de la science ouverte), versement systématique des podcast depuis cette année.
« Toutes les productions Interstices sont autant de ressources mises à disposition du grand public, ainsi que du monde de l'éducation, sur lesquelles chacun, chacune peut s'appuyer en toute confiance car produites par ceux qui font la recherche et la partagent en la rendant accessible au plus grand nombre : qui mieux qu'eux ? Interstices, en ce sens, est une vraie "base de données" de ressources pédagogiques pour les citoyens (pour pouvoir creuser un sujet et acquérir plus de connaissances), les équipes enseignantes (pour abonder leur cours, traiter de problématiques actuelles, répondre aux enjeux de la réforme des programmes (SNT, NSI…)), et les scolaires/étudiants (pour les aider dans leurs travaux (exposés, TIPE…)). Interstices c'est aussi un support précieux et fiable de créations d'actions de médiation pour toutes les structures non académiques qui œuvrent pour la diffusion de la culture scientifique technique et industrielle dans nos régions : associations, musées, maisons des sciences (Terra Numerica, MIA, Palais de la Découverte, ...), CSTI, etc. La médiation c'est tout ça et bien plus encore. Interstices c'est tout ça et bien plus encore ».
- Christine Leininger (Inria - Direction de la culture et de l’information scientifiques), cheffe de projet médiation scientifique
Christine Leininger s'intéresse à la médiation scientifique depuis ses études en audiovisuel. À l'institut, elle a eu l'occasion d'accompagner les chercheurs d'abord dans la réalisation de vidéos expliquant leur démarche et les résultats de leurs recherches. Lors de l'avènement du Web, ce canal s'est assez logiquement imposé pour diffuser les productions le plus largement possible. Lorsque l'idée a germé de consacrer une plate-forme web entièrement à la vulgarisation de la recherche en informatique, Christine a suivi avec intérêt ce projet qui allait déboucher sur Interstices. Elle a accepté d'en assurer la coordination pour permettre l'ouverture au public en avril 2004. Elle est ensuite restée pendant dix ans rédactrice en chef d'Interstices et continue de participer à son comité éditorial.
Aujourd'hui, Christine focalise ses actions sur la rencontre directe avec les publics, au travers de partenariats pour des expositions ou de grands événements comme la Fête de la Science. Dans la cellule de médiation scientifique Inria, elle participe également au développement de l'axe "médiation par le jeu" qui lui tient particulièrement à cœur.
Les principes fondateurs qui restent les points forts de la revue Interstices sont avant tout la gouvernance partagée entre scientifiques et personnels d'appui, spécialistes de communication et de médiation scientifique, ainsi que l'ouverture sur les communautés de recherche en informatique et mathématiques appliquées, en France et même dans d'autres pays, bien au-delà d'Inria, et enfin la forte composante multimédia, avec des formats variés (contenus interactifs, infographies, vidéos, podcasts audio).
- Nathalie Revol (chargée de recherche Inria à Lyon - chercheuse en arithmétique des ordinateurs), responsable scientifique d’Interstices
Nathalie a été maîtresse de conférences à l'Université Lille 1, puis chargée de recherche dans l'équipe Aric (LIP - CNRS, ENS de Lyon, Inria et Université Claude Bernard (Lyon 1)) du centre Inria de Lyon. Ses travaux de recherche portent sur la qualité des calculs numériques sur ordinateur : impact des erreurs d'arrondi, arithmétique des ordinateurs et en particulier arithmétique par intervalles, c'est-à-dire le calcul dans lequel les opérations portent sur des intervalles contenant les valeurs à manipuler ; par exemple 2*Pi devient 2*[3,14 ; 3,15] = [6,28 ; 6,30] si l'intervalle [3,14 ; 3,15] est l'intervalle choisi pour représenter Pi.
Depuis plus de vingt ans, Nathalie Revol consacre du temps à la médiation scientifique, d'abord lors de rencontres directes avec le public, en lycées, collèges, écoles primaires, lors de la Fête de la Science ou de festivals scientifiques de rue, puis au sein du comité de pilotage de la MMI (Maison des Mathématiques et de l'Informatique) et plus récemment en l'"enseignant". Elle fait partie du comité éditorial d'Interstices depuis 2016 et en a pris la responsabilité scientifique fin 2019.
« "Pourquoi s'impliquer dans la médiation scientifique ?" C'est l'une des questions que je pose aux étudiantes et étudiants. Les réponses sont multiples, qu'il s'agisse d'expliquer son travail lors de repas de famille, de donner envie aux plus jeunes de s'intéresser aux sciences, ou bien de s'apporter à soi-même un autre éclairage sur son domaine. Une chose est certaine : si on le fait à contre-cœur, sans y prendre de plaisir, ce sera contre-productif. Les modalités que peut emprunter la médiation scientifique sont tellement variées qu'il me paraît difficile cependant de ne pas en trouver une qui convienne à son mode d'expression. Intervenir avec du public donne la satisfaction immédiate de "voir briller des étoiles dans les yeux de son auditoire" pour reprendre les mots de François Rechenmann, l'un des membres fondateurs d'Interstices. »
- Antoine Rollet (maître de conférences à l’INP Bordeaux, chercheur en méthodes formelles pour la vérification et le test logiciel), responsable scientifique adjoint d’Interstices
Ingénieur informatique de formation, Antoine Rollet s'est lancé dans la recherche universitaire en 2002. Il a soutenu une thèse de doctorat en 2004 sur le thème de la validation de logiciels à l'université de Reims Champagne Ardenne. En 2005, il a obtenu un poste de maître de conférences à l'Enseirb, école d'ingénieurs du site universitaire bordelais, et a ainsi intégré le laboratoire LaBRI (Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique) comme membre de l'équipe Méthodes Formelles. Ses recherches portent sur la modélisation et la vérification de systèmes informatiques, notamment en intégrant des approches formelles dans le processus de validation du logiciel. Il rejoint l'équipe éditoriale d'Interstices en 2016, et intègre le comité exécutif en tant que responsable scientifique adjoint en 2021.
« La diffusion du savoir est une composante importante du métier d'enseignant-chercheur. On pense naturellement au service d'enseignement d'un E/C qui remplit cette mission. Mais on n'imagine pas toujours les nombreuses autres formes que cette diffusion peut prendre. Interstices s'avère être un formidable outil d'utilité publique pour permettre à un chercheur de communiquer avec un large public dans le domaine des sciences numériques. Il peut s'agir par exemple de faire découvrir des notions de base à un public néophyte, mais aussi de montrer à un public curieux en quoi peut consister la recherche en sciences numériques, qu'il s'agisse d'expliquer une thématique, ou des résultats récents. »
« Écrire dans Interstices, c’est aussi l'occasion de réfléchir à la manière de rendre ses travaux abordables et de s'interroger sur leur utilité. C'est un exercice passionnant et très formateur. Enfin, à une époque où il est possible de trouver toutes sortes d'informations dont la crédibilité pose question, le fait que les articles sur Interstices soient écrits par des scientifiques reconnus, relus et validés par un comité éditorial composé de chercheurs et chercheuses, permet de fournir une source de contenus fiables. »
Les choix rédactionnels de la revue Interstices sont, quant à eux, faits par le comité éditorial composé de scientifiques du domaine de l’informatique et des sciences du numérique ainsi que de professionnels de la médiation scientifique.