Une Chaire professeur junior au croisement de la statistique et de la santé

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Mis à jour le 04/11/2025

Recrutée par le Centre Inria de l’Université de Rennes dans le cadre d’une Chaire professeur junior (CPJ), la mathématicienne Valérie Garès mène des travaux associant la statistique et la santé. Autour de cette thématique, l’objectif est de créer une équipe-projet interdisciplinaire associant des scientifiques issus en particulier de l’Institut de recherche mathématique de Rennes (Irmar), de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset)
© Inria / Photo M. Génon

 

Instituées par la loi de programmation de la recherche de 2020 sur le modèle des ‘tenure tracks’ anglo-saxons, les Chaires de professeur junior sont des postes pour trois à six ans pouvant conduire ensuite à la titularisation en tant que directeur de recherche. Le Centre Inria de l’Université de Rennes utilise actuellement ce dispositif pour favoriser les travaux pluridisciplinaires susceptibles de connaître des prolongements dans le domaine numérique. C’est ainsi qu’en 2023, une première chaire avait été lancée au croisement des mathématiques et de l’environnement. Une deuxième vient de l’être, cette fois-ci au carrefour de la statistique et de la santé, avec le recrutement de Valérie Garès.

Après une thèse de mathématiques sur l’analyse statistique de données liées à la maladie d'Alzheimer, à l’Inserm en collaboration avec l’Institut de mathématiques de Toulouse, la chercheuse a effectué deux post-doctorats. Le premier au Centre des essais cliniques de l’Université de Sydney. Le second dans l’équipe des inégalités sociales de santé, à l’Inserm à Toulouse. Recrutée comme maîtresse de conférences par l’Insa, elle est arrivée à Rennes en 2017. Elle y a rejoint également l’équipe statistiques de l’Irmar, l’Institut de recherche mathématique de Rennes.

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Portrait Valérie Garès CPJ statistiques et santé

Verbatim

Tous mes travaux partent d’une question appliquée dans le domaine de la santé. Une partie de la recherche médicale aujourd’hui repose sur l’analyse de données, par exemple pour comprendre les facteurs de risques d’une maladie. Or, souvent, ces données s’avèrent très complexes à analyser. Pour pouvoir les traiter correctement, il faut d’abord trouver une méthodologie statistique. Je m’efforce donc de développer de nouveaux modèles pour répondre à la question soulevée en interagissant avec les épidémiologistes ou les chimistes.

Auteur

Valérie Garès

Poste

Chaire de professeur Junior Inria

En pratique, les résultats de recherche prennent la forme de nouveaux ‘packages’ directement intégrables dans R ou Python, des logiciels open source d’analyse quantitative de données prisés des chercheurs en épidémiologie.

Séminaire trimestriel

Afin d’accéder aux problèmes de terrain, dès son arrivée à Rennes, la statisticienne s’est rapprochée d’épidémiologistes et de chimistes de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset). Depuis son recrutement sur cette CPJ, elle a également lancé un séminaire trimestriel. “À chaque fois, nous invitons deux intervenants. L’un en statistique. L’autre en santé.” Ces rencontres se déroulent à l’Université de Rennes 2, à proximité des écoles de santé.

Trois axes de recherche

Les liens tissés au fil du temps ont permis d’amorcer plusieurs collaborations. Mais aussi de dégager trois thèmes de recherche. Le premier se situe dans le contexte de l’étude des risques de santé liés à l’environnement. Il porte sur l’identification de potentiels polluants présents dans le sang, l’urine ou les cheveux de personnes étudiées de l’enfance à l’âge adulte. Générées par spectrométrie de masse, les données possèdent des caractéristiques difficiles à analyser. “Pour bien prendre en compte leurs caractéristiques, il nous faut de nouvelles méthodes statistiques.

Le deuxième axe porte sur l’intégration de données visant à exploiter des informations issues de différentes sources de données afin de constituer une base de données unique plus riche et plus complète. “Un épidémiologiste peut disposer, par exemple, d’un registre de quelques centaines de personnes et vouloir enrichir le registre en ajoutant des informations qui seraient disponibles dans le Système national des données de Santé (SNDS) sur ces individus.

Mais ce fichier préserve l’anonymat. Impossible de puiser directement les renseignements à partir d’un identifiant. “Il faut effectuer un travail d’appariement. Autrement dit, comparer des données pour retrouver un profil similaire dans le SNDS. Ce qui introduit des incertitudes dont il est nécessaire de tenir compte à l’aide de méthodes statistiques sur mesure. De la même manière, il arrive que des chercheurs souhaitent fusionner deux cohortes pour en constituer une seule qui deviendrait ainsi plus riche en termes d’individus.“ Mais les données ne sont pas forcément enregistrées tout à fait de la même manière. Et là aussi, “il faut des outils pour harmoniser les données entre les différentes bases.

Encore émergent, le troisième thème questionne l’éthique des algorithmes d’Intelligence Artificielle. “Ces algorithmes effectuent-ils des prédictions fiables ? Les données contiennent-elles des biais démographiques entre des gens d’âge, de sexe ou de statut socio-économique différent ?” Financée par l’Inserm et portée par l’EHESP, cette recherche s’appuie sur les données du SNDS dans le cadre de la prédiction de risques d’événements indésirables après une revascularisation au sortir d’une intervention médicale.

La chaire professeur junior va durer trois ans. Elle doit permettre de structurer toutes ces collaborations interdisciplinaires pour faire naître ensuite une équipe-projet Inria composée de statisticiens, d’épidémiologistes et de chimistes.

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En savoir plus sur la Chaire de Professeur Junior avec Valérie Garès