Anne-Marie Kermarrec, chercheuse puis entrepreneuse rennaise, reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur.

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Mis à jour le 23/03/2020
Après treize ans à la tête de l'équipe-projet ASAP au centre de recherche Inria Rennes Bretagne-Atlantique, Anne-Marie Kermarrec a créé en 2015 la start-up Mediego, donnant ainsi une réalité économique à deux décennies de recherche sur les systèmes distribués à grande échelle. Mercredi 27 mars, elle a reçu les insignes de Chevalier de la légion d’Honneur : une distinction qui vient récompenser le parcours riche d’une chercheuse devenue entrepreneuse.

C’est à Rennes qu’Anne-Marie Kermarrec, jeune étudiante, a débuté sa carrière de chercheuse en informatique. En 1996, après une thèse consacrée à la tolérance aux défaillances dans les systèmes à mémoire partagée, elle part aux Pays-Bas pour un post-doctorat, puis en Angleterre où elle travaillera au sein du prestigieux Microsoft Research Lab à Cambridge. Anne-Marie Kermarrec restera quatre ans chez le géant de l'informatique, le temps de se plonger avec passion dans les algorithmes épidémiques et les systèmes peer-to-peer .

Portrait d'Anne-Marie Kermarrec
© Inria / Photo N. Lacaux

En 2004, la chercheuse est de retour à Rennes : elle rejoint le centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique en tant que directrice de recherche Inria. Elle prend alors la responsabilité d'une nouvelle équipe-projet baptisée ASAP - pour As Scalable As Possible – consacrée aux systèmes distribués dynamiques à grande échelle. Ses travaux s'orientent progressivement vers une thématique émergente dans le monde de l'Internet au milieu des années 2000 : la personnalisation de l'expérience utilisateur. Un sujet qui sera quelques années plus tard au cœur du projet GOSSPLE , lauréat de deux bourses du conseil européen de la recherche – une Starting Grant en 2007 puis une bourse POC en 2013. Comme Anne-Marie Kermarrec l’explique, « Notre idée était de permettre à chaque internaute d'avoir son propre Internet en nous appuyant sur le concept du filtrage collaboratif, une technique de personnalisation qui permet de faire des recommandations à un internaute en comparant ses préférences aux jugements portés par d'autres internautes au profil similaire. Toute l'originalité du projet était d'appliquer ces principes aux systèmes peer-to-peer afin d'obtenir des solutions de contenus décentralisées efficaces, robustes, scalables et respectueuses de la vie privée. ».

De la recherche à la création d’une startup

En parallèle, l'idée et l’envie de convertir la recherche en innovation montent en puissance dans l'esprit d'Anne-Marie Kermarrec qui se rapproche d’IT-Translation , le fonds d’amorçage technologique  créé par Inria pour accompagner la création d'entreprises issues de la recherche publique dans le numérique.
En avril 2015, la startup Mediego voit le jour ; son objectif : développer une solution de recommandations ultra-personnalisées à destination des éditeurs de contenus et des médias. Anne-Marie Ker-marrec devient alors «startuppeuse » à 44 ans : « En France, le monde de la recherche et celui de l'entreprise sont encore peu perméables, ce qui n'est pas vrai dans la plupart des autres pays. Heureusement Mediego a pu bénéficier du soutien très actif d'Inria pendant de longs mois. » Après avoir remporté le concours i-Lab en 2015, intégré l'incubateur d'Ouest France OFF7 puis la pépinière numérique rennaise, et réussi une levée de fonds avec IT-Translation , Mediego poursuit aujourd'hui sa trajectoire avec dynamisme et forte de six collaborateurs. Depuis 2018, Mediego se concentre sur la personnalisation de contenus dans les médias en ligne (web, newsletters, applications) et compte parmi ses clients les plus grands acteurs de la presse en France comme Ouest-France, Le Monde, Euronews, La Dépêche interactive, Sud-Ouest, Le Figaro, Publis-hebdo .

 

Anne-Marie Kermarrec illustre parfaitement la devise d’Inria, excellence scientifique et transfert. Elle est aussi exemplaire pour donner envie aux jeunes femmes de s’engager dans les parcours scientifiques et technologiques et aller, pour certaines d’entre elles, tenter l’aventure entrepreneuriale 

 

Bruno Sportisse, PDG d'Inria.

Une chercheuse puis une entrepreneuse primée

Anne-Marie Kermarrec a reçu de nombreux prix depuis le début de son parcours, que ce soit dans le domaine de la recherche en sciences du numérique ou celui de l’entrepreneuriat :

  • 2011 : lauréate du prix Michel Montpetit de l’Académie des Sciences ;
  • 2013 : lauréate du Google Focused Award  ;
  • 2016 : ACM Fellow ;
  • 2017 : Prix de l’innovation Inria – Académie des Sciences – Dassault Systèmes et Trophée Femme Chef d’Entreprise Prometteuse lors de la 6e édition des Trophées "Les Femmes de l'économie" Grand Ouest .