Prix & Distinctions

Les sciences et technologies du numérique mises à l'honneur à l'Académie des Sciences

Date:
Mis à jour le 20/12/2024
L’excellence scientifique reconnue au plus haut niveau : quatre chercheurs membres d’équipes-projets Inria (Centre Inria de Paris et Centre Inria de Saclay) viennent d’être élus, le 18 décembre 2024, membres de l’Académie des Sciences. Une distinction prestigieuse qui honore leurs contributions majeures à la recherche mais aussi une marque de reconnaissance de la qualité et de l’impact des recherches menées au sein de notre institut. Découvrons les quatre nouveaux académiciens.

L’Académie des Sciences, institution fondée en 1666, rassemble les esprits scientifiques les plus brillants pour promouvoir la science et conseiller les décideurs publics. Les académiciens sont élus à vie, à l’issue d’un processus d’élection rigoureux en plusieurs étapes s’échelonnant sur presqu’une année dont le résultat est ratifié par décret officiel du Président de la République.

Cette année, Anne Canteaut (équipe-projet COSMIQ), Pierre Rouchon (équipe-projet commune QUANTIC, ENS/Inria/Mines/Sorbonne Université), Gérard Biau (action exploratoire MEGAVOLT) et Michel Beaudouin-Lafon (équipe-projet commune EX-SITU) rejoignent les rangs de l’Académie des Sciences. Cette élection consacre leur parcours d’exception et les travaux de recherche qui ont marqué leurs domaines respectifs.

L’Académie des sciences a annoncé, mercredi 18 décembre 2024, leur élection à des postes aux thématiques ciblées : 

  • Gérard Biau pour la thématique « Mesurer, modéliser, prédire ».
  • Michel Beaudouin-Lafon, Anne Canteaut et Pierre Rouchon pour la thématique « Sciences informatiques et de l’information ».

Nous félicitons chaleureusement nos collègues pour cette distinction et leur souhaitons le meilleur dans leurs futures contributions scientifiques ! Découvrez leur biographie… 
 

Michel BEAUDOUIN-LAFON (Centre Inria de Saclay, équipe-projet commune EX-SITU), spécialiste de l'interaction humain-machine

© Laurent Ardhuin

Michel Beaudouin-Lafon est professeur d'Informatique à l'Université Paris-Saclay et chercheur au sein de l'équipe-projet Inria Ex-Situ (Interaction Située Extrême) commune avec le LISN, dont il est directeur adjoint. Spécialiste de l'Interaction Humain-Machine (IHM), il explore les nouvelles formes d'interaction adaptées aux compétences et caractéristiques humaines. Son parcours illustre une carrière exceptionnelle.

Auteur ou co-auteur de plus de 220 publications, il a également dirigé plus de 35 thèses soutenues. Membre senior de l'Institut Universitaire de France et lauréat de la médaille d'argent du CNRS, il a été distingué par de nombreuses institutions internationales. Actif au sein de l’ACM où il est actuellement responsable de l’ACM Europe Technology Policy Committee, il a reçu le prix ACM SIGCHI Lifetime Service Award en 2015 et a été nommé ACM Fellow en 2022 pour ses contributions majeures. Il est également lauréat d’une Advanced Grant et d'un projet Proof-of-Concept de l’ERC. Investi dans la formation, il a fondé et co-dirigé deux Masters internationaux en Interaction Humain-Machine. Au niveau national il est responsable de l’infrastructure de recherche CONTINUUM et co-directeur du PEPR eNSEMBLE sur la collaboration numérique. Ses travaux, reconnus mondialement, transforment notre manière d’interagir avec les environnements numériques. 

Gérard BIAU (Centre Inria de Sorbonne Université, action exploratoire MEGAVOLT, directeur de SCAI), spécialiste des dynamiques statistiques dans les algorithmes d'IA

Ancien élève de l’École des Mines de Paris, agrégé de mathématiques, Gérard Biau a obtenu un doctorat de l’Université de Montpellier en 2000. Il a commencé sa carrière en tant que maître de conférences à Sorbonne Université, où il a exercé de 2001 à 2004. Après avoir obtenu son HDR, il a été nommé professeur à l’Université de Montpellier. En 2007, il a rejoint le Laboratoire de Probabilités, Statistique et Modélisation de Sorbonne Université. Il est actuellement directeur et membre fondateur de SCAI, le Centre d’Intelligence Artificielle de Sorbonne Université.

Les activités de recherche de Gérard Biau portent sur l’analyse des dynamiques statistiques à l’œuvre dans les algorithmes modernes d'intelligence artificielle. Ses contributions récentes explorent la convergence entre la modélisation physique et l’apprentissage automatique, pour en exploiter leur potentiel combiné. Gérard Biau a été membre junior de l’Institut universitaire de France de 2012 à 2017 et président de la Société Française de Statistique de 2015 à 2018. En 2018, il a reçu le Prix Michel Monpetit - Inria de l’Académie des sciences. Depuis 2024, il est membre senior de l’Institut universitaire de France.

Anne CANTEAUT (Centre Inria de Paris, équipe-projet COSMIQ), spécialiste de la cryptographie

© Inria/Lucile Moreno

Après une thèse en informatique sous la direction de Paul Camion et un séjour post-doctoral à l'ETH Zurich dans l'équipe de Jim Massey, Anne Canteaut a rejoint l'Inria en 1998. Elle est actuellement directrice de recherche dans l'équipe-projet Cosmiq (cryptologie symétrique, cryptologie fondée sur les codes et information quantique), au centre Inria de Paris.

Anne Canteaut est spécialiste de cryptographie. Elle s'intéresse à la fois à la conception de nouveaux algorithmes cryptographiques, notamment pour protéger la confidentialité des données, et à l'analyse de la sécurité des systèmes existants. Ses travaux sont à l'interface entre cryptographie, algorithmique et mathématiques discrètes. Elle a été Déléguée Scientifique du Centre Inria de Paris de 2017 à 2019, et a présidé la Commission d'Évaluation de l'Inria de 2019 à 2023. Elle a reçu le prix Irène Joliot-Curie de la « Femme Scientifique de l'année » en 2023, et a été distinguée « Fellow » de l'International Association for Cryptologic Research en 2024. Elle participe également à de nombreuses actions pour la promotion de la diversité de genres, de formations et de sujets dans la recherche.

Pierre ROUCHON (Centre Inria de Paris, équipe-projet commune QUANTIC), spécialiste de la théorie du contrôle

Pierre Rouchon est professeur au centre automatique et systèmes de l’École des Mines de Paris, université PSL. Depuis 2015, il est membre de l’équipe-projet commune Quantic (QUANTum Information Circuits : ENS/Inria/Mines/Sorbonne Université) avec l'Inria et l'école normale supérieure de Paris. Ancien élève de l’école polytechnique (X80), il rentre au corps des mines et soutient une thèse en génie des procédés sur la dynamique et le contrôle d'unités de séparation. Il obtient en 2000 une habilitation à diriger des recherches en mathématiques de l'université Paris-sud. De 1993 à 2005, il est professeur chargé de cours à l'école polytechnique en mathématiques appliquées. Il dirige le centre automatique et systèmes de 1997 à 2002 puis, de 2007 à 2018, il est responsable du département "mathématiques et systèmes" à l'école des mines de Paris. En 2017 il est lauréat du grand prix IMT-Académie des Sciences. Depuis 2021, il est responsable de l’ERC Advanced Grant intitulé « Quantum Feedback Engineering ». Il est commandeur des Palmes Académiques (2023).

Pierre Rouchon est connu pour ses travaux en théorie du contrôle et ses applications à des systèmes industriels et expérimentaux. Il a introduit et développé la théorie des systèmes différentiellement plats, systèmes très souvent rencontrés en pratique et pour lesquels la planification et le suivi de trajectoires admettent des solutions explicites de faible complexité. Il a introduit la notion d'observateurs asymptotiques invariants, notion à l'origine du filtre de Kalman invariant avec des applications importantes en navigation et robotique. Il a contribué à la mise au point de l'algorithme temps-réel utilisé par l'équipe de Serge Haroche, prix Nobel de physique 2012, lors de la première réalisation expérimentale en 2011 d'une boucle de rétro-action quantique contrôlant des photons. Depuis, ses travaux se focalisent au sein de l'équipe Quantic sur les méthodes mathématiques et numériques pour modéliser et contrôler les systèmes quantiques avec décohérence et mesures. Ces méthodes mathématiques et numériques sont motivées par les questions scientifiques qui sous-tendent les technologies quantiques.