The Inria London Programme : quand la recherche rapproche la France et le Royaume-Uni

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Mis à jour le 29/06/2021
Entre University College London (UCL) et Inria, une belle histoire a commencé à s’écrire depuis deux ans. Celle d’un partenariat international entre deux organismes autour du machine learning et de l’intelligence artificielle (IA). De nombreux chapitres, qui s’ouvriront à d’autres disciplines ainsi qu’à d’autres partenaires, sont en cours de rédaction… et promettent une jolie suite à ce projet.
vue aérienne de Londres la nuit
© Pixabay - photo David Mark

Du programme Sabbatique au partenariat stratégique

Au départ, c’est une collaboration classique : en décembre 2018, Benjamin Guedj, chercheur en machine learning dans l’équipe-projet Modal à Inria Lille, est mis à disposition de University College London pour un an, dans le cadre du programme Sabbatique Inria (voir encadré), piloté par la direction des relations internationales. Mais dès février 2019, un autre projet émerge. « J’ai contacté la direction du centre de Lille et la direction générale d’Inria pour explorer la possibilité d’un partenariat plus stratégique et ambitieux », retrace Benjamin Guedj. Car les planètes sont alignées. D’une part, Inria poursuit sa stratégie internationale qui vise à développer des collaborations ciblées. Et UCL, qui figure dans le top 10 mondial des universités (voir encadré), correspond aux partenaires recherchés. D’autre part, à l’époque, Inria ne dispose pas d’accord formalisé au niveau national avec des acteurs britanniques.

L’UCL, poids lourds des universités britanniques

Ce géant britannique, fondé en 1826, est un fleuron de l’enseignement supérieur et de la recherche, se classant dans le top 10 mondial. Un chiffre donne un autre aperçu de ses talents : 34, le nombre de prix Nobel sortis de ses rangs. UCL est aussi particulièrement progressiste : elle fut la première université à accueillir les étudiants quelle que soit leur religion ainsi que les femmes. Cet esprit avant-gardiste guide encore sa politique actuelle.

En outre, la proximité géographique d’UCL, en particulier avec le centre Inria Lille - Nord Europe, est un atout. « Enfin, les organismes britanniques cherchent sans doute dans le contexte actuel du Brexit à maintenir des partenariats avec leurs homologues européens », ajoute Cécile Vigouroux, directrice des relations internationales d’Inria. Résultat : la proposition de Benjamin Guedj est accueillie très favorablement des deux côtés de la Manche et le projet se développe rapidement, en étroite collaboration avec la direction des relations internationales d’Inria.

 

Déjà de nombreuses publications conjointes

En décembre 2019, un accord-cadre, baptisé The Inria London Programme, est signé entre Inria et UCL. Un an plus tard, Benjamin Guedj a constitué autour de lui une équipe conjointe Inria-UCL, hébergée dans les locaux de l’université à Londres. Elle compte une dizaine de personnes et a déjà produit 21 articles, dont 11 ont été publiés, parfois dans le cadre de certaines des plus grandes conférences sur l’intelligence artificielle et le machine learning, comme NeurIPS (neural information processing systems).

La collaboration entre Inria et UCL prévoit également un programme d’invitation et Benjamin Guedj réserve ainsi, au sein même du tout nouveau Centre for Artificial Intelligence d’UCL où travaille son équipe, une quinzaine de bureaux destinés à accueillir des chercheurs et chercheuses Inria, pour des travaux internationaux, de quelques semaines à quelques mois. Enfin, belle reconnaissance pour le projet : sous l’égide de The Inria London Programme, Benjamin Guedj a été nommé "local chair" de Colt 2022 (Computational learning theory), une conférence majeure dans le domaine du machine learning, qui se tiendra à Londres à l’été 2022.

Augmenter la bande passante entre Inria et le Royaume-Uni

The Inria London Programme ne s’arrête évidemment pas en si bon chemin et avance à présent sur deux fronts. Le premier consiste à mobiliser des chercheurs d’UCL et d’Inria pour prendre de l’ampleur. Un lancement officiel (et virtuel, crise sanitaire oblige) est ainsi prévu pour le début d’année 2021.

Visionner la vidéo YouTube de lancement du Inria London Programme – UCL Centre for Artificial Intelligence (en anglais – février 2021)

Puis, au premier semestre 2021, un premier workshop sera organisé pour mettre en relation les chercheurs des deux partenaires. « UCL couvre toutes les disciplines sur lesquelles travaillent les chercheurs d’Inria, souligne Benjamin Guedj. Donc l’objectif est de créer à court terme de nouvelles collaborations entre différentes équipes sur d’autres sujets que l’IA afin d’augmenter la "bande passante" entre Inria et UCL. »

Inclure d’autres organismes dans le partenariat

Deuxième front majeur de développement : inclure dans la collaboration d’autres organismes de recherche britanniques. « C’est d’ailleurs pour cela que le programme s’appelle Inria London et non pas Inria UCL », note Cécile Vigouroux. Des réflexions, bien que ralenties là encore par la Covid-19, sont déjà en cours avec d’autres universités londoniennes et des instituts, au premier rang desquels The Alan Turing Institute. « Nous n’avions pas de partenariat aussi ambitieux avec le Royaume-Uni donc nous apprenons en avançant. Mais si, dans deux ans, nous réussissons à établir d’autres collaborations en plus de mon équipe, avec à la clé des dizaines d’articles scientifiques cosignés, ce sera une très belle réussite », espère Benjamin Guedj.

Le programme Sabbatique Inria

Ce programme, piloté par la direction des relations internationales, a pour but d'encourager les travaux à l'étranger de chercheurs Inria. Il offre ainsi la possibilité d’effectuer un séjour de l’ordre de six à douze mois au sein d’une autre institution de recherche dans le monde pour renforcer et développer des collaborations.

De son côté, la direction des relations internationales réfléchit à la mise en place de nouveaux outils, notamment financiers, pour ce type de projet et appuie The Inria London Programme sans réserve : « Il y a un fort soutien national mais il s’agit surtout d’un réseau qui se met en place en "bottom-up", grâce à l’implication des chercheurs », indique Cécile Vigouroux. Ce sont ainsi ces derniers qui contribueront à l’enrichir, à le faire vivre et à le transformer, pourquoi pas, en source d’inspiration pour les futurs partenariats stratégiques d’Inria à l’international.

Benjamin Guedj présente en vidéo The Inria London Programme

Visionner la vidéo YouTube "15 Minute Meets with Benjamin Guedj"UCL Centre for Artificial Intelligence (en anglais – juillet 2020)