CATALA traduit la loi en code pour une administration plus fiable
Date:
Mis à jour le 24/03/2025
Transformer les textes législatifs en programmes informatiques est essentiel pour appliquer le droit à grande échelle, notamment dans le calcul des impôts ou la distribution des aides sociales. Cependant, cette tâche est complexe en raison de la nature souvent ambiguë et contextuelle des textes juridiques. C’est pour répondre à ce défi que CATALA a été conçu : un langage de programmation spécialement développé pour transcrire la loi de manière fidèle et explicable, assurant ainsi une application exacte des règles juridiques.
C’est en travaillant sur une rénovation du langage M et de son compilateur aux côtés de la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), pour un calcul de l’impôt encore plus fiable, que l’idée de ce projet s’est imposée à l’esprit de Denis Merigoux, chef de projet infrastructures logicielles en appui aux politiques publiques chez Inria.
Verbatim
Je me suis dit qu’il serait intéressant de revenir à une planche à dessin vierge, de redessiner un système en partant des besoins et de l’état de l’art scientifique et non de choix techniques anciens dont les limites se font ressentir aujourd’hui.
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Chef de projet infrastructures logicielles en appui aux politiques publiques
Le scientifique décide alors de collaborer avec des juristes et une sociologue pour faire éclore son projet : Liane Huttner, maîtresse de conférences en droit à l'Université Paris-Saclay, Sarah Lawsky, professeure de droit fiscal , docteure en logique formelle et titulaire d'une chaire internationale chez Inria dans le groupe Prosecco, qui a étudié la structuration des textes législatifs en langage formel, et enfin Marie Alauzen, spécialiste des questions de modernisation administrative de l'État. Leur objectif : unir leurs compétences pour concevoir un langage de programmation capable de préserver l’intention du législateur tout en étant intégrable aux architectures logicielles modernes.
« Le but n’est pas de formaliser ou mettre en code tout le droit, car cela n’a aucun sens, mais nous nous intéressons au droit qui est déjà exécuté automatiquement, comme le calcul des prestations sociales, des impôts, ou du chômage », indique Denis Merigoux, avant d’ajouter « Nous faisons vraiment travailler juristes et informaticiens ensemble, qui échangent en direct sur le code que l’informaticien est en train d’écrire afin de faire des modifications dessus en temps réel ». Grâce à cette approche, il devient possible de garantir que les règles fiscales et sociales sont appliquées avec exactitude et fidélité au droit, réduisant ainsi les risques d’erreur et renforçant la transparence des décisions administratives automatisées.
CATALA, qui implique plusieurs ingénieurs et chercheurs Inria (impliqués dans l’action exploratoire AVoCat), est particulièrement pertinent pour les administrations publiques et les organismes chargés de l'application des politiques fiscales et sociales. En remplaçant les systèmes informatiques patrimoniaux de calcul des impôts et des prestations sociales, ce langage permet de s'assurer de manière exhaustive et explicable que les algorithmes de l’administration appliquent le droit tel qu’il est interprété par les directions juridiques des administrations, sans distorsion ni approximation.
Deux preuves de concept pour les administrations ont ainsi, pour le moment, vu le jour : une première pour la Caisse Nationale des Allocations Familiales, qui mène actuellement des études sur le futur du système calculant l’ensemble des prestations sociales en France, et une seconde pour la Direction Générale des Finances publiques, autour du calcul de l’impôt sur le revenu.
Verbatim
Le travail de fiabilisation de l’infrastructure actuelle du langage M continue, mais nous avons aussi lancé ce POC en Catala afin de voir ce que cela pourrait donner en termes de maintenance, d’efficacité et d’explicabilité de le recoder sous un autre langage plus adapté.
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